Introduction
Il circule sur internet une citation souvent attribuée à Platon :
« Si un homme parfaitement juste apparaissait dans ce monde, les hommes le feraient souffrir, l’humilieraient, et finiraient par le crucifier. »
Bien que cette phrase ne se trouve nulle part textuellement dans les dialogues de Platon, elle est en réalité une paraphrase assez fidèle d’un passage frappant du Livre II de La République.
Dans ce dialogue, le personnage de Glaucon, frère de Platon, lance un défi à Socrate : prouver que la justice est préférable à l’injustice, même si elle n’est jamais récompensée. Pour cela, il imagine un homme parfaitement juste, mais perçu à tort comme injuste par le monde. Il subit alors toutes les humiliations qu’un tel homme pourrait endurer dans une société corrompue. Voici un extrait clé :
« Laissons donc le juste, dépouillé de tout sauf de la justice, et considéré comme le plus injuste des hommes. (…) Qu’on le fouette, qu’on le torture, qu’on l’enchaîne, qu’on lui brûle les yeux, et, après avoir enduré toutes les souffrances, qu’on le crucifie. » (République, II, 361e–362a)
Ce passage, écrit environ quatre siècles avant la naissance du Christ, a frappé de nombreux Pères de l’Église et penseurs chrétiens, qui y ont vu une préfiguration étonnante de la Passion de Jésus. L’idée qu’un homme parfaitement juste soit rejeté et exécuté par la société rejoint en effet le cœur même du récit évangélique.

Une prophétie involontaire ?
Platon ne cherchait pas à faire une prophétie religieuse. Son objectif était purement philosophique : il voulait illustrer la nature de la justice en elle-même.
Mais le parallèle avec la crucifixion du Christ est si fort que certains y ont vu un témoignage involontaire de la vérité chrétienne dans la pensée grecque.
« Plusieurs Pères […] ont noté ce passage extraordinaire de Platon, le considérant comme une prédiction des souffrances du Juste, Jésus Christ. »
— Tertullien (155-220 ap.J.-C.)
Augustin d’Hippone, dans son ouvrage La Cité de Dieu, fait un lien explicite entre Platon et la crucifixion du Christ :
« C’est pourquoi Platon, dans son livre sur La République, dit qu’un homme juste sera fouetté, lié, verra ses yeux être brûlés, et enfin crucifié. Il voyait que cela était vrai pour un homme totalement juste. Mais il ne voyait pas que cela serait fait à celui qui n’était pas seulement juste mais aussi Dieu. »
— Tertullien (354-430 ap. J.-C.)
Clément d’Alexandrie (v.150–215) met en avant que Platon et d’autres philosophes grecs ont reçu une forme préliminaire de vérité divine, préparant le terrain à la révélation chrétienne — même s’il ne cite pas formellement le passage.
Enfin, Justin Martyr (IIe siècle) considérait que les philosophes grecs, bien qu’ignorant le Christ, avaient reçu des « semences du Logos » . Dans sa Première Apologie, il écrit :
« Tout ce que les philosophes et les législateurs ont dit de beau, ils l’ont exprimé grâce à une part du Logos. »
— Justin Martyr (IIe siècle ap. J.-C.)
Conclusion
La crucifixion est bien mentionnée par Platon, 400 ans avant Jésus-Christ. Ce passage a été relevé par de nombreux auteurs chrétiens, notamment les Pères de l’Église. En effet, la Passion du Christ semble anticipée : un homme juste, venu dans le monde, rejeté, torturé, crucifié. Bien plus encore, non pour des fautes, mais précisément à cause de sa justice.
Platon n’a probablement pas « prophétisé » la mort de Jésus au sens strict. Cependant, il a posé, dans un cadre rationnel, l’idée qu’un homme juste pourrait être tué à cause de sa justice
