Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Dieu et l’origine de l’univers: l’argument cosmologique

Depuis l’Antiquité, l’humanité se pose une question fondamentale : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? L’argument cosmologique propose une réponse : si l’univers existe, alors quelque chose — ou quelqu’un — l’a causé. Cet argument, enraciné dans la philosophie grecque, a été repris, développé, puis renforcé par les avancées scientifiques récentes. Que peut-on vraiment en conclure aujourd’hui ?

1. L’argument cosmologique en bref

L’argument cosmologique s’articule autour d’un raisonnement simple :

  • Tout ce qui commence à exister a une cause.
  • L’univers a commencé à exister.
  • Donc, l’univers a une cause.

Ce syllogisme, connu sous le nom d’argument kalâm, est défendu aujourd’hui par des philosophes comme William Lane Craig. Mais l’idée est bien plus ancienne : on la retrouve chez Aristote, qui parlait d’un « premier moteur immobile », et chez Thomas d’Aquin, avec son « premier être nécessaire ».

Ce que tous ces penseurs ont en commun, c’est cette intuition : le monde ne s’est pas créé tout seul. Rien ne vient de rien.

2. L’univers a-t-il vraiment eu un commencement ?

Pendant longtemps, on a cru que l’univers était éternel. Mais cette vision a changé radicalement au XXe siècle grâce aux découvertes de la physique moderne.

/

Le Big Bang : un début dans le temps

En 1915, Einstein publie sa théorie de la relativité générale, qui lie la gravité à la structure de l’espace-temps. En 1929, Edwin Hubble découvre que l’univers est en expansion : les galaxies s’éloignent les unes des autres.

Cette expansion implique qu’en remontant le temps, on arrive à un point de départ, où l’espace, le temps et la matière ont commencé. C’est ce qu’on appelle le modèle du Big Bang.

La deuxième loi de la thermodynamique

Un autre indice vient de la thermodynamique : l’univers tend vers un état de désordre maximal (l’entropie). Or, si l’univers était éternel, il aurait déjà atteint cet état. Cela implique qu’il a eu un commencement.

Le théorème de Borde-Guth-Vilenkin

Dans les années 2000, les cosmologistes Borde, Guth (inventeur de l’inflation cosmique) et Vilenkin ont démontré un théorème puissant :

« Tout univers qui est en expansion constante doit avoir un commencement dans le passé. »

Ce théorème s’applique même aux modèles spéculatifs de multivers. La conclusion est claire : l’univers n’est pas éternel.

3. Si l’univers a une cause, quelle est-elle ?

L’univers a commencé à exister. Il a donc besoin d’une cause. Mais cette cause ne peut pas être physique, ni temporelle, puisque le temps et la matière sont apparus avec l’univers.

Par conséquent, cette cause doit être :

  • Hors du temps (éternelle)
  • Hors de l’espace (non matérielle)
  • Puissante (capable de tout créer)
  • Intentionnelle (car un effet sans cause mécanique nécessite une volonté)

Autrement dit, une cause immatérielle, personnelle et nécessaire : Dieu.

4. Objections et réponses

« Mais alors, qui a créé Dieu ? »

C’est une mauvaise compréhension de l’argument. Il ne dit pas que tout a une cause, mais que tout ce qui commence à exister en a une.

Or, Dieu ne commence pas à exister. Il est, par définition, non causé, éternel et nécessaire. Si tout devait avoir une cause, il n’y aurait jamais de première cause, donc aucun effet, donc aucun univers. Il faut bien une réalité première.

« Peut-être que l’univers s’est causé lui-même ? »

C’est logiquement incohérent. Pour se créer lui-même, l’univers aurait dû exister avant d’exister, ce qui est absurde. C’est comme dire qu’un homme s’est donné naissance.

« Peut-être que c’est juste un hasard ? »

Le hasard ne crée rien. Il ne s’agit pas d’une entité ou d’un mécanisme, mais d’une manière de décrire un résultat imprévisible. Dire que l’univers vient du hasard revient à ne rien expliquer du tout.

5. L’élégance de la cause première

L’idée d’une cause première non causée, extérieure au temps et à la matière, n’est pas seulement plausible : elle est nécessaire pour éviter une régression infinie.

Prenons une analogie :
Imagine une file de dominos qui tombent. Chaque domino tombe à cause du précédent. Mais si la chaîne est infinie, aucun domino ne tombera jamais. Il faut un premier domino, une cause non causée, pour que tout commence.

C’est ce que l’argument cosmologique propose : Dieu est ce premier moteur, la source de l’être, celui qui fait exister tout le reste sans dépendre de rien.

6. Ce que cela signifie vraiment

L’argument cosmologique ne prouve pas tout. Il ne démontre pas que Dieu est trinitaire, qu’il a révélé la Bible ou qu’il entend les prières.

Mais il pose une base solide : l’univers a besoin d’une cause, et cette cause doit avoir des attributs qui correspondent à l’idée traditionnelle de Dieu. L’argument rend la foi rationnelle, et la non-croyance philosophiquement fragile.

Conclusion

L’argument cosmologique est renforcé par la science moderne. Il montre que notre univers, avec son commencement, pointe vers quelque chose — ou quelqu’un — au-delà de lui-même.

Croire en Dieu, dans cette perspective, est la réponse logique au fait fondamental que quelque chose existe.

Leave a comment